Choisir à l aveugle
La prière et les oracles
Comme seule boussole
- Mathilde Fauve
Le crépuscule
Un milk shake à la fraise
pour les montagnes
- Mathilde Fauve
Besoin vénéneux -
Mes lèvres cherchent les tiennes
malgré la distance
- Mathilde Fauve
L eau de la douche
perd sa transparence -
Couleur rouge sang
- Mathilde Fauve
Coups d’épée dans l’eau
Ce qui est inutile
Changé en beauté
- Mathilde Fauve
Te souviens tu quand
Nos insomnies étaient des
Prétextes pour s écrire ?
- Mathilde Fauve
Les premières fois
S'envolent de ma mémoire
Vivre ici maintenant
- Mathilde Fauve
La lumière du matin
Les soleils couchants
Le parfum du jasmin
Les couleurs des vitraux
Les animaux sauvages
Lapins, tigres, oiseaux, et poissons
Libres, et de passage
La vie pure dans leur sang
Les sentiments intenses
Qui nous élèvent et nous emportent
Quand on brise nos distances
Pour enfin se reconnaître
Les instants d épiphanie
Où la solitude disparaît
Où tout est relié
Moi, le ciel, les autres, et l ici
Quand le grandiose surgit
Dans les montagnes, dans la musique
Dans la peinture, ou la poésie
Dans la voix d'une supplique,
Dans le silence d une forêt
Dans la brillance de la neige
Dans les rires d un manège
Dans la nuit pailletée
Dans une main sur l épaule
Qui soutient et console
Soudain apparaît
Ce qui est sacré
- Mathilde Fauve
Chez toi c'est toujours
Le bruit de la rivière
Qui m accueille d abord
- Mathilde Fauve
Demain soir peut être
Pour la nuit des étoiles
Boire une tisane seule
Sur un plaid au parc
- Mathilde Fauve
Nouvelle ride
Au coin de mes lèvres
Baiser de Vieillesse
- Mathilde Fauve
Grandir c'est
Tenter de garder son innocence tout en acquérant de la sagesse
Pouvoir rester sincère sans oublier la politesse
Découvrir sa personnalité et tout ce qui nous intéresse
Développer ses qualités et maîtriser ses faiblesses
Grandir c'est
Nouer des liens différents avec des humains, des animaux, des lieux, des moments, des objets, des plantes, ou des idées
Le faire de la façon la plus attentionnée
La plus consciente, la plus ouverte,
La plus prudente, la plus aimante,
La plus douce, la plus intense
La plus juste, et la plus immense
qui soit
Puis accepter de les défaire quand ces liens nous empêche d avancer
Au lieu de nous aider
Grandir c'est
Trouver des idéaux à défendre sans négliger la tolérance
Construire son imaginaire puis le transposer dans la réalité
Choisir d être sédentaire ou choisir l errance
Apprendre à vivre ensemble pour pouvoir choisir une communauté
Apprendre à être autonome, pour pouvoir choisir la solitude
Trouver ses limites et creuser sa grandeur intérieure
Soigner son corps, son esprit, son âme, et son coeur
Prendre soin des autres quand c'est nécessaire
Faire des promesses et devenir parjure
Se décevoir et faire demi tour
Jusqu'à réussir à apercevoir
Ce qui vaut vraiment la peine
Une petite lueur dans le noir
Voyager pour découvrir d autres mondes, d autres manières d exister
Puis bâtir à son tour son propre nid douillet
issu de rêves, de rencontres et d expériences accumulées
Grandir c'est
Trouver et perdre
Donner et recevoir
Se disputer et pardonner
Faire des erreurs et se faire pardonner
Dire la vérité et mentir
Avoir honte et mûrir
Se blesser et guérir
Accepter et accueillir
Refuser et bannir
Changer et s épanouir
Pleurer et rire
Aimer et souffrir
Vivre et mourir
Voilà ce que c'est grandir
- Mathilde Fauve
Tâches de rousseur
sur tes fesses de brioche
que je dévore
- Mathilde Fauve
Sur les tuiles rouges
Un matou se promène
Avec la lune
- Mathilde Fauve
Sourires en photo
Les fantômes nous (re)gardent
Depuis le passé
- Mathilde Fauve
Chercher la fraîcheur
murmure du vent dans les feuilles
les ombres vacillent
- Mathilde Fauve
<3 Coeurs sur toi
qui lis des livres de la bibli
en attendant d’avoir assez d’argent
pour les acheter en librairie
(ou ton anniversaire)
. - / () · ·
Nous, poètes·ses inclusifs·ves, considérons que la poésie a trop longtemps été l'otage de la langue française sexiste imposée par les Académiciens depuis le XVIIe siècle.
Nous considérons que la langue inclusive permet de rétablir la visibilité des femmes, leur valeur, leur égalité, sans nier la pluralité qui existe au sein d'un groupe de personnes.
Nous considérons qu'elle enrichit notre vision du monde, et donc la poésie, et nous souhaitons l'utiliser pour défendre notre éthique, défendre les point de vue des minorités trop souvent laissées de côté, ou noyées dans le vacarme de la masse.
La poésie se situe déjà à la marge de la littérature, de l'écriture, et de l'Art.
Petite sœur pauvre de la musique, elle reste la voix de l'indignation, de l'amour, de l'exil, des émotions, de la compréhension, de l'attention à l'autre, à soi, et au monde, accessible au plus grand nombre.
N'importe qui, armé.e d'un stylo, d'un smartphone, ou d'une bonne mémoire, peut écrire de la poésie inclusive, et nous rejoindre.
Nous faisons partie d'un courant majeur du XXIe siècle, l'Ere de la Parole, de la prise en main de nos discours, de nos idées, de nos représentations de nous-même, et des autres, via toutes les formes de communications possibles.
Nous choisissons la poésie.
Nous choisissons l'inclusivité.
Nous choisissons l'éthique.
Nous choisissons les marges.
- Mathilde Fauve, poétesse inclusive
Si tu veux rester libre
Ne fais pas d’enfant
Ne prends ni crédit
ni femme, ni mari
ni aucun engagement à vie.
Et bénis ta solitude
- Mathilde Fauve
Sur la croupe de ma licorne
je file à toute allure
Je slalome entre les bornes,
les jambes d'adultes, et les voitures
Elle et moi sommes en joie
Le vent qui siffle dans nos oreilles
Nos rires montent jusqu'aux toits
Dans nos yeux brillent des soleils
Et toutes les nuits, dans mon sommeil
elle m'accompagne encore
dans des galopades sans pareilles
et des îles aux trésors
- Mathilde Fauve
Remaniement
Ministre suspecté de viol
Nausée féministe
- Mathilde Fauve
Assise sur le canapé
Je tourne lentement les pages
où s'égrènent une flopée
d’enivrantes images
Nadia Becker peint la douceur des nuages
un cygne transporte deux filles qui sourient
un château élève ses tours sans âge
Trois moutons rentrent à la bergerie
Confinée chez moi, je soupire d’envie
J’aime ma famille et je sais qu’elle m’aime aussi
Mais parfois dans nos voix grondent des orages
Il est difficile ma foi, d’être toujours sages
Mes sœurs prennent de la place
l’appartement est petit
et le cœur plein de tendresse
des parents peut être aussi ?
Quand je me sens inquiète
Je pleure dans mon lit
Les histoires se tiennent prêtes
à m’emmener loin d’ici.
- Mathilde Fauve
Vacances d’été
soupe de pâtes en étoiles
galaxies dans mon bol
- Mathilde Fauve
Notre âme a besoin
de calme et de solitude
pour retrouver son éclat
- Mathilde Fauve
L’innocence et la douceur sont aussi des forces
- Mathilde Fauve
Envahie de plantes
cabane ou château magique
iel attend son heure
- Mathilde Fauve
Demain il pleuvra
Sur les manifestants.es
Black Lives Matter
- Mathilde Fauve
Poésie en alphabet international
se dit
Papa
Oscar
Echo
Sierra
India
Echo
...
Je trouve dommage que ce mot qui m'est si cher, "la poésie", commence par "Papa" et "Oscar".
L'alphabet international a été élaboré par l'armée américaine et a été adopté en 1956 dans toutes les communications de l'aviation civile internationale.
L'alphabet international comporte 5 prénoms masculins (Charlie, Mike, Oscar, Romeo et Victor) et 2 féminins (Juliette et India). "Papa" n'a pas l'équivalent "Mum" ou "Mummy" ("qui signifie "Maman" en anglais) à la lettre "M".
J'aurais préféré Papier ("paper" en anglais) et Or ("gold" en anglais) pour commencer ce poème sur la poésie. Mais ces mots n'existent pas dans le vocabulaire de l'armée américaine.
Me voilà bien embêtée.
Peut être que je devrais créer mon propre alphabet international ?
Mais si je suis la seule à l'utiliser, je doute de son utilité.
Peut être que je peux essayer de m'approprier les mots de l'armée américaine, des aéroports internationaux, et de l'OTAN quand même.
Que peut bien dire Oscar à son Papa tandis que sa voix provoque un écho qui traverse les montagnes sudaméricaines de la Sierra jusqu'à l'Inde en de minuscules ondes jusqu'au creux de son oreille ?
"Papa, j'ai quelque chose à te dire. Je n’attends pas de toi une réaction ou une réponse particulière. Je voudrais seulement que tu m’écoutes, sans m’interrompre si possible.
Voilà... Je suis gay.
Je suis tombée amoureux de Louis, qui est un homme trans, et nous quittons tous les deux l'armée pour aller faire de la permaculture et donner des cours de peinture en Californie. J'espère que tu te portes bien. Bisous"
— Mathilde Fauve
Y : Animal crossing ? C'est quoi ?
M : C'est un jeu.
Y : est ce que c'est un jeu où chaque fois qu'on voit un animal on dessine une petite croix dessus ?
Sauf s'il y a déjà une petite croix ?
M : *ouvre de grands yeux incrédules* .... non....
Y : Ah non ! Je sais ! C'est un jeu où tout le monde se déguise en animal et court un cross. Comme le cross du collège, mais mélangé avec le carnaval un peu ! C'est ça ?
M : *éclate de rire* oui, c'est exactement ça !
Brèves de dialogues entre Y et M, 18/05/2020
Mat Fauve
Deux frères liés par une relation d'amour fraternel, de complicité, et de tendresse vivent ensemble leur passion commune pour les oiseaux.
L'ainé parle la langue pawpaw, langage unique, inspiré du chant des oiseaux, et seul son cadet le comprend. Il vit paisiblement dans l'oubli de soi, et l'observation silencieuse des petits oiseaux de la volière d'un jardin d'enfants.
Le cadet travaille à l'entretien d'une résidence pour les invité.es d'une grande entreprise, et prend soin de son frère, avec lequel il partage une vie routinière agréable et rassurante. Puis, il continue sa vie seul, une fois son frère décédé, dans le souvenir de sa mémoire et le soin des petits oiseaux qu'il aimait tant. Le monde extérieur ne le comprend pas, et menace parfois sa fragile tranquillité. Mais, toujours le "monsieur aux petits oiseaux" parvient à retrouver la joie dans les petits plaisirs simples, uniquement accessibles aux gens sensibles et discrets.
L'écriture de ce roman est douce, sans fioriture, ni effet littéraire tapageur. La traduction est si proche du japonais que la musicalité de cette langue transparait encore dans les dialogues, ou dans certains rejets de l’action à la fin de la phrase.
Une bulle de sérénité et de délicatesse nous enveloppe à sa lecture.
Merci à l'autrice, Yôko Ogawa, pour ce très bon moment. Merci à la traductrice Rose-Marie Makino-Fayolle.
Je ne considère plus les oiseaux de la même façon depuis cette lecture.
“il songeait aux oiseaux migrateurs qui volaient, guidés par des secrets que les hommes ne pouvaient comprendre. L’endroit qu’ils cherchaient à atteindre était inaccessible, même s’ils se préparaient avec le plus grand soin. Ils migraient vers cet endroit lointain sans aucune hésitation, sans se plaindre ni ménager leur vie.”